Sonfonia: parti acheter du haricot, Mamady Keïta, fils d’un ancien colonel de la police, a été tiré au dos (mère)

La grève générale et illimitée du Mouvement syndical guinéen qui a débuté hier lundi 26 février 2024 se poursuit non sans incident. Au-delà de la paralysie de la quasi-totalité des activités économiques et éducatives à Conakry, des échauffourées ont éclaté en haute banlieue de Conakry faisant 2 victimes.

À Sonfonia, la victime, Mamady Keïta, orphelin de père, élève de 17 ans a reçu une balle au dos avant de succomber à Donka.

Selon les informations reçues ce mardi 27 février 2024, dans la famille mortuaire à Sonfonia, secteur Tamouya, cet élève candidat au Bepc est issu d’une famille de gendarmes, de policiers et douaniers, son papa est décédé avec le grade de colonel de police il y a quelques années.

Mme Taïbou Diallo, mère de la victime, qui a appris la triste nouvelle au téléphone dit s’en remettre à la volonté d’ Allah.

« Hier matin alors que j’emmenais son petit-frère à l’hôpital, j’ai laissé mon fils à la maison en compagnie de enfants et de sa grande sœur. Je lui dis de s’occuper d’eux pour qu’ils prennent le petit déjeuner et veiller sur eux pour ne pas qu’ils sortent vu qu’il y’ a une grève en cours. À 11h, ils ont commencé à m’appeler incessamment mais sans m’informer de ce qui se passe et immédiatement j’ai appelé ma petite sœur, la chanteuse (Mariama Kankalabé) elle me dit : fais doucement ils ont tiré sur Mamoudou. J’ai appelé ma sœur qui est avec lui pour lui demander et elle m’a répondu qu’ils sont en route pour Donka.

Selon les informations que j’ai reçues, il a dit à sa grande qu’il part acheter du haricot et je me suis rendu sur les lieux il était effectivement venu pour acheter du haricot et à peine servi son bourreau avait déjà pris position et la balle l’a atteint au dos pour sortir au niveau du cou.

On dit que ce sont sont eux qui s’en charge de la sécurité des personnes et de leurs biens.  « Depuis la mort de leur papa qui est lui-même un policier décédé avec le grade de colonel, je suis avec mes enfants et c’est lui mon ami, qui m’assistait dans mon commerce afin de pouvoir payer leurs fournitures scolaires pour aller à l’école. On m’a dit que le tireur était derrière un manguier. Aujourd’hui, je ne peux pas le juger mais je ne lui pardonne pas, le jour de la résurrection Dieu jugera. Je demande l’aide de tout le monde le monde et je reste derrière les autorités mais je ne vois aucune autorité chez moi…on m’a dit que la balle a été tirée par un homme habillé en tenu de gendarme ».

La tante de la victime, Mariama Kankalabé, artiste chanteuse s’interroge aujourd’hui sur comment porter plainte puisque jusque-là son bourreau court toujours « Nous ne sommes pas les premières victimes, nous avons vu beaucoup de familles endeuillées et personnes n’a obtenu justice à date. Moi je suis artiste je me bats pour la Guinée comme son bourreau se bat aussi pour la Guinée mais nous nous en remettons à Dieu. Nous demandons à tous de nous aider afin que nous obtenions justice, nous sollicitons l’aide de la justice » .

Cet adolescent fait désormais partie de la longue liste des jeunes tombés sous les balles ces 10 dernières années.
Oumar Sadio Diallo qui joue dans la même équipe que Mamady Keïta et qui l’a vu grandir est sous le choc. « Je suis trop triste, l’enfant ne sait pas ces genres de mouvements, tout ce qu’il sait c’est de jouer au football, c’est un petit parmi nous mais c’est notre attaquant, il porte le numéro 9. On est plus âgé que lui mais depuis tout petit il est avec nous parce qu’il est très respectueux ».

Pour finir, ce jeune du quartier demande aux forces de défense et de sécurité de ne pas tirer sur les jeunes.

 »Nous avons parlé fatigués qu’ils arrêtent de tuer les jeunes. Même si c’est un manifestant, si au moins c’est au niveau du pied qu’il a été touché, il serait soigné, même si c’est un manifestant il ne mérite d’être tiré à bout portant, à plus forte raison ce n’est pas un manifestant. Nous avons trop dit qu’il faut que les forces de défense et de sécurité arrêtent de s’introduire dans les quartiers. Nous sommes à 1 km de la route environ, mais ils viennent jusqu’ici et traumatisent nos parents ».

Aux derniers nouvelles, le corps se trouve toujours à la morgue de l’hôpital national  Donka et aucune communication n’a été faite à la mère de la victime sur la récupération du corps pour l’inhumation.