Des journalistes guinéens qui débordent de talent, vous pouvez en trouver à la pelle. Lors de la fameuse synergie des médias, un d’entre eux en plantant le décor s’est enthousiasmé : ‘‘Au petit matin du 5 septembre 2021, les Guinéens et le monde entier se réveillaient au son de la fanfare militaire annonçant que les forces de défense et de sécurité de Guinée, venaient de prendre leur responsabilité…’’
Imaginez le tableau : Ce dimanche, à l’aube, les Guinéens s’éveillent au doux son de la fanfare militaire. Quelle poésie ! Quel lyrisme ! Hélas, la réalité était un peu moins… harmonieuse. Au lieu des trompettes, ce sont plutôt les crépitements d’armes qui ont accompagné le réveil des citoyens. Autant dire que la symphonie était un peu plus tragique que joyeuse. Une petite erreur de sonorité, sans doute.
Il semble que notre confrère ait un don particulier pour la romanciation des faits.
Et que dire de sa réticence à appeler un ‘‘coup d’État’’ un ‘‘coup d’État’’ ? Un chat un chat. Non, non, pas question de froisser les plumes des dignitaires en face ! Refuser d’employer les mots appropriés était comme une règle lors de cette synergie. Un véritable chœur de dissonance où le mot ‘‘coup’’ est soigneusement évité comme le Mpox.
Cependant, même le président de la transition, le Gal Mamadi Doumbouya, n’a pas hésité à évoquer ce grand moment de l’histoire guinéenne en utilisant les termes ‘‘coup d’État’’ et ‘‘putsch’’ lors de son discours à l’ONU. En fait, lui n’a fait que parler de sa propre expérience, alors que nos chers journalistes, eux, se sont donnés pour mission de créer une réalité alternative.
Peut-être qu’un jour, ils réaliseront que la vérité, aussi brutale soit-elle, a bien plus de poids que la poésie.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
Last modified: 7 septembre 2024